- Le Président de la République Française, M. Emmanuel Macron, prononcera le 19 janvier au Parlement européen (PE) un discours sur la Présidence Française de l’Union Européenne (PFUE).
- La PFUE peut être une chance pour l’action climatique européenne. Dans un contexte d’élections, Paris ne devra néanmoins pas se limiter à marquer des points autour de quelques « totems », comme la taxe carbone aux frontières.
- La France n’a que trois mois « utiles » pour donner un coup d’accélérateur à la politique climatique européenne, poser les jalons politiques d’un cadre budgétaire européen porteur pour les investissements de la transition verte, et mobiliser sa diplomatie pour soutenir la décarbonation hors d’Europe.
Contexte – Macron au Parlement européen
La France assure la présidence du Conseil de l’Union Européenne jusqu’au 30 juin 2022, avant une présidence tchèque perçue comme disposant d’une ambition et de capacités de coordination moindres. L’accélération de l’action climatique de l’UE avant la COP27 est donc entre les mains de Paris. Le cycle électoral du printemps 2022 raccourcit cette fenêtre de tir de six à trois mois effectifs.
La tentation pour Paris sera de déployer son énergie politique en direction des initiatives européennes les mieux à même d’être présentées comme un succès auprès des électeurs de l’hexagone. S’imposeraient alors deux risques :
- Passer à côté d’opportunités pour l’action climatique européenne, des lors qu’elles ne rencontreraient qu’un faible écho en France (risque du « sous-investissement politico-diplomatique ») ;
- Compromettre cette action, si Paris choisissait de prioriser des « prises » politiques, au prix d’accords controversés entre Etats Membres (risque du « dirty deal », que les tractations sur la taxonomie ont peut-être préfiguré.)
Coup d’accélérateur ou coup d’éclat : quelle PFUE ?
Energie politique considérable, réseau diplomatique de qualité, capacités de coordination étendues : Paris a de nombreux atouts pour offrir à l’UE une présidence synonyme de progrès pour le climat.
Quels seraient les contours d’une PFUE réussie?
- Un coup d’accélérateur au-delà du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF): Paris a fait du MACF une « prise de guerre » pour la PFUE. Mais le MACF est au cœur d’un « paquet » d’une douzaine de textes (« Fit for 55 »), qui doivent progresser ensemble pour maintenir son intégrité globale.
- Des jalons politiques pour améliorer le cadre budgétaire pour les investissements verts : il existe une fenêtre de tir au 1er trimestre pour faire évoluer ce cadre. Paris est engagé dans cette discussion, mais doit investir dans la construction active d’alliances avec d’autres capitales pour préparer le consensus politique, avec le sommet du 10-11 mars en ligne de mire.
- Un effort diplomatique accru pour soutenir la décarbonation chez les partenaires de l’Europe, Afrique en tête. L’enjeu du Sommet UE-Union Africaine de février sera de donner du contenu à l’initiative européenne de mobilisation de financements en soutien aux transitions de nos partenaires.
- L’intégration des enjeux d’équité sociale dans le Pacte Vert : Paris doit prioriser la dimension sociale, parent pauvre du paquet « Fit for 55 ».
Citations
Lucie Mattera, Chef par intérim du Bureau de Bruxelles chez E3G :
“Coup d’accélérateur pour le climat ou coup d’éclat pour la campagne ? La présidence française est une réelle opportunité pour l’action climatique de l’UE, si Paris met son expérience et son énergie au service des intérêts européens, au-delà de quelques « totems » qui rapportent auprès des électeurs. »
Raphael Hanoteaux, expert en politiques gazières chez E3G :
« La France doit faire plus que de considérer le climat comme un jeton de négociation en soutenant le gaz en échange d’un appui au nucléaire. La PFUE est ainsi une occasion unique de s’assurer que la transition énergétique en Europe soit véritablement équitable, comme l’ont préconisé les citoyens français lors des assemblées citoyennes sur le climat. »
Léa Pilsner, expert Diplomatie du Pacte Vert chez E3G :
« À moins d’un mois du sommet UE-Union Africaine, premier test de crédibilité pour « Global Gateway », M. Macron doit envoyer un signal fort pour positionner l’UE comme leader mondial, non seulement économique mais politique, de la transition verte au-delà de nos frontières. Il revient à la France, au travers de ce programme de 300 milliards d’euros, de proposer une prospérité verte concrète et centrée sur les besoins de ses bénéficiaires si l’UE veut avoir une chance d’être la meilleure offre sur ce terrain très concurrentiel. »
Disponibles pour commentaires
Lucie Mattera, Chef par intérim du Bureau de Bruxelles
+32 (0)489 00 44 76, lucie.mattera@e3g.org
Raphael Hanoteaux, Conseiller Principal en Politiques
+32 (0)496 20 59 03, raphael.hanoteaux@e3g.org
Léa Pilsner, Conseillère Politique
+32 (0) 488 431 221, lea.pilsner@e3g.org
Notes aux rédacteurs
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